Le Fonds d’Intervention pour l’Environnement (FIE) a procédé ce lundi 27 avril 2020 à la validation d’une étude portant sur l’évaluation de dix (10) projets de son troisième appel dans la région du Nord. Cette étude qui se veut précisément une évaluation à mi-parcours des projets en cours de financement vise à apprécier le niveau de mise en œuvre de chaque initiative aussi bien sur les plans technique et financier. La démarche s’inscrit dans la dynamique du FIE de tendre vers une gestion efficace et efficiente des projets à sélectionner dans le cadre des futurs appels.
Une des attentes de cette évaluation est de répertorier les principales difficultés liées à l’exécution desdits projets et formuler des recommandations pour rendre les acquis des réalisations plus durables. Le besoin de cette étude est parti en fait d’un constat. C’est qu’après avoir reçu la première tranche du financement, ils sont nombreux les promoteurs de l’appel 3 qui n’arrivent pas à remplir les conditions pour faire décaisser les tranches successives. Les raisons seraient entre autres la méconnaissance des procédures de dépenses, les difficultés liées à l’élaboration des rapports techniques et financiers et la lenteur de la validation des rapports au niveau du FIE. Celui-ci essaie pourtant de corriger les fautes qui lui sont imputables dans le souci de permettre une meilleure exécution des projets.
Cette évaluation parue ainsi nécessaire devait permettre, entre autres objectifs spécifiques, de vérifier sur le terrain les réalisations effectuées par les promoteurs ; d’analyser les résultats atteints pour chaque promoteur ; d’analyser le degré d’implication des opérateurs d’appui ou assimilés ; d’analyser la gestion et le suivi des projets ; d’analyser les projets selon les critères d’efficacité, d’efficience, de durabilité, de gouvernance, et de genre.
Pour mener cette étude, le FIE a porté son choix sur les projets financés dans le sous guichet « changement climatique » dans la région du Nord. Ainsi, les évaluateurs ont parcouru les provinces du Passoré, du Yatenga et du Zondoma pour aller à la rencontre de la dizaine de promoteurs sélectionnés[1] mais aussi pour échanger avec les services techniques de l’environnement et de l’agriculture sans oublier le FIE. Par ailleurs, l’exploitation des documents en lien avec les projets ont permis de parvenir à des résultats satisfaisants dans l’ensemble selon les consultants.
Des résultats appréciables
Ainsi, en termes de réalisations en matière de renforcement de capacités, on note un taux moyen de réalisation de 78%. Les réalisations sur la récupération des terres enregistrent un taux moyen de 73,13% et pour les plantations, c’est une réalisation physique estimée à 128% avec un taux de survie de 61%. Quant au taux d’exécution financière, il est estimé à 62,63%. Sur les dix promoteurs dont les projets sont évalués, c’est seulement deux qui ont pu bénéficier de la troisième tranche de décaissement sur les quatre prévues. Quatre promoteurs ont cependant reçu la deuxième tranche et les quatre autres sont toujours sur la première tranche. Les raisons avancées des retards de décaissement sont liées principalement à la non-maîtrise de l’élaboration des rapports techniques et financiers.
S’agissant des critères relatifs à la prise en compte de l’approche stratégique du Programme d’Appui au Secteur Forestier (PASF) principal bailleur de fonds de l’appel, le rapport de l’étude estime qu’en termes d’efficacité, d’efficience, de gouvernance et de genre, les projets présentent des points d’appréciation. L’insatisfaction par contre porte sur les critères de cohérence et de durabilité qui sont très peu vérifiés sur le terrain selon les évaluateurs qui n’expriment aucune déception si l’on tient compte de ce passage de leur rapport : « En dépit des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre, il ressort que les différents projets contribuent à l’amélioration des conditions de vie des bénéficiaires à travers l’amélioration des productions agricoles, ce qui renforce la lutte contre l’insécurité alimentaire. Outre l’amélioration des productions agricoles, lesdits projets ont eu des impacts positifs sur le plan environnemental à travers le renforcement du capital végétal et la préservation des ressources forestières ».
Des recommandations fortes pour réussir les prochains appels à projets
Pour minimiser les difficultés qui entravent la mise en œuvre des projets et permettre une gestion efficace et efficiente des futurs appels à projets du FIE, l’étude formule des recommandations dont la première porte sur la procédure de sélection. Malgré la rigueur des lignes directrices, beaucoup de promoteurs non méritants auraient été sélectionnés et la plupart des résultats non satisfaisants viendraient de la mise en œuvre de ces types de promoteurs. L’étude propose donc de revoir les lignes directrices en insistant sur la nécessité de retenir précisément les structures associatives œuvrant effectivement dans le domaine de l’environnement. La deuxième recommandation porte sur le mécanisme de déblocage des fonds. Il est ressorti que certaines activités telles que l’implantation des pépinières, la production des plants et les plantations interviennent tardivement à cause des retards de décaissement. C’est pourquoi, l’étude recommande de trouver un mécanisme de déblocage rapide des fonds pour certains projets. L’élaboration des rapports techniques et financiers a aussi fait l’objet d’une recommandation. Ils sont nombreux les promoteurs qui ont du mal à le faire. L’absence de compétences en matière d’élaboration de rapport au sein des structures promotrices de projets et l’appui insuffisant des opérateurs d’appui en seraient les causes. Définir un canevas simple de rapport technique et financier est la solution préconisée. L’intervention des opérateurs d’appui a également retenu l’attention des évaluateurs. Les opérateurs d’appui constituent en effet des acteurs incontournables dans la réalisation des projets FIE en ce sens qu’ils appuient et conseillent les promoteurs pour une réalisation réussie des projets. Cependant, certains d’entre eux éprouvent des difficultés de collaboration avec les promoteurs empêchant une bonne marche des activités du projet et retardant la transmission des rapports d’étape. La mission recommande donc le recours aux services techniques comme operateurs d’appui avec la suggestion d’une réflexion ultérieure à mener sur le rôle exact de ces services. La dernière recommandation est relative au suivi des projets. Le suivi d’un projet constitue un moyen efficace pour sa réussite. Dans la pratique et selon le rapport de l’étude, les suivis sont menés par les promoteurs eux-mêmes, parfois par les opérateurs d’appui de façon périodique et par une équipe du FIE. En vue de permettre un suivi continu et efficace des projets, les moyens doivent être mis à la disposition des équipes du FIE dans les régions, tout en maintenant les missions de suivi du FIE central, estiment les évaluateurs.
En rappel, le troisième appel à projets du FIE, lancé en 2017, a permis de sélectionner 197 projets à exécuter dans six régions administratives que sont la Boucle du Mouhoun, les Cascades, les Hauts-Bassins, le Centre-Ouest, le Nord et le Sud-Ouest. La région du Nord a bénéficié de 41 projets à financer selon la répartition suivante par sous-guichet : 04 projet pour la conservation ; 18 pour les Produits Forestiers Non Ligneux et 19 pour les changements climatiques.
D’une enveloppe de 1 999 479 394 F. CFA, l’appel 3 du FIE a été financé par le PASF et l’Etat du Burkina Faso.
Amadou Oury SANOU
Situation des bénéficiaires des projets évalués
Promoteurs |
Intitulé du projet |
Village/ville |
Commune |
Bénéficiaires directs et indirects |
PASSORE |
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Groupement villageois féminin Teega-wende de Yako
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Projet de gestion durable des terres dans la province du Passoré |
Yako (Secteurs 6, et secteur 5) |
Yako |
- 30 membres féminins du groupement; - 210 indirectes la population de la commune de Yako |
Groupement villageois Masculin Wendkonta de Pilimpikou |
Projet d'appui à l'amélioration de la fertilité des terres dans le village de Pilempikou (PAFT)
|
Pilimpikou |
Pilimpikou |
- Membres du groupement masculin Wendkonta - Population de Pilimpikou (300 personnes dont 250 femmes et enfants) - Opérateur d’appui |
Groupement villageois féminin Namanegguebzanga de Darigma |
Projet d'appui à la gestion durable des sols dans la commune de Bagaré (PAGDS) |
Darigma |
Bagaré |
- Membres du groupement masculin Wendkonta - Population de Bagaré (448 personnes beneficiaires finaux s dont 350 femmes) ; - Opérateur d’appui |
Groupement forestier Mixte SONGRELAPANGA |
Récupération et gestion durable de terre à Bokin |
Bokin (secteur n°1) |
Bokin |
membres du Groupement forestier Mixte Songrelapanga (30 membres du groupement) ; - population de Bokin (210 membres issus de la famille des bénéficiaires) ; - opérateur d’appui |
YATENGA |
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Association Teel Koadba de Tilly
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Projet de récupération de 20 ha de terres complètement dégradées dans le village de Tilly Commune de Oula |
Tilly |
Oula |
- membre de l’association Teel Koadba de Tilly ; - opérateur d’appui ; - population de Tilly |
Association pour le Développement du Monde Paysan (ADMP) |
Récupération et gestion durable des terres dégradées dans les villages de Ipala et de Omssoum |
Ipala, Omssoum |
Oula |
- membres de l’Association pour le Développement du Monde Paysan ; - opérateur d’appui ; - population de Ipala et Omssoum |
Petit Séminaire Notre-Dame de Nazareth de Ouahigouya |
Formation des jeunes en entretien environnemental au Petit Séminaire Notre-Dame de Nazareth |
Bouro |
Oula |
- 176 jeunes du Petit Séminaire Notre-Dame de Nazareth |
ZONDOMA |
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Association Bao Wend Yarda de Gourcy |
Projet de récupération de 20 ha de terres dégradées à l'aide des méthodes CES/DRS et végétalisation dans la commune de Gourcy |
Gourcy |
Gourcy |
- membres de l’Association Bao Wend Yarda de Gourcy; - opérateur d’appui ; - population de la ville de Gourcy |
Association Pagb Yidgri Sulli de Gourcy |
Projet de récupération de 20 ha de terres dégradées à l'aide des méthodes CES/DRS et végétalisation dans la commune de Gourcy |
Niessega |
Gourcy |
- membres de l’Association Pagb Yidgri Sulli de Gourcy; - opérateur d’appui ; - population du village de Niessega |
Association des chasseurs Wend la panga de Boussou |
Projet de défense et de restauration des sols dans la commune de Boussou |
Boussou |
Boussou |
- membres de l’Association des chasseurs Wend la panga de Boussou ; - opérateur d’appui ; - population de la commune de Boussou |
Source : Rapport de l’évaluation
[1] Voir tableau sur la situation des bénéficiaires des projets évalués